PSYCHIATRIE : A EN ETRE FOU !

Publié le par daniel barbier

Bonjour, deux articles de ce jour sur la situation de la psychiatreie :

la grève des médecins psychiatres

la loi enfermera-t-elle davantage ?

Pour commencer, une video pour se souvenir, sarkosy, fin 2008 ... :


Sarkozy et la psychiatrie 1

 

Grève des psychiatres du public
pour défendre leur discipline

Les psychiatres sont appelés à faire grève aujourd'hui par l'intersyndicale des psychiatres publics. Un mouvement qui devrait être suivi à 80 % à l'hôpital du Vinatier, selon le président de la commission médicale d'établissement, Jean-Pierre Salvarelli, membre du syndicat des psychiatres des hôpitaux. Ces médecins estiment que la « psychiatrie est en danger » en raison notamment de l'absence de volet spécifique pour cette discipline dans la loi « Hôpital, patients, santé, territoires ». « Les attaques contre la psychiatrie de secteur sont aussi une remise en cause de la psychiatrie publique », estime le Dr Salvarelli. Enfin, la réforme de la loi de 1990 inspire « les plus grandes inquiétudes » aux médecins car elle donne « une orientation sécuritaire à la psychiatrie », indique le Dr Salvarelli. « Notre mission est très compliquée. D'un côté, on reconnaît nos compétences mais quand il s'agit de faire sortir quelqu'un on nous remet en cause », estime le psychiatre. « Il faut que le patient maintienne un lien avec nous. Cette alliance thérapeutique permet de soigner les gens. C'est aussi l'intérêt de la société », ajoute Bernard Joli, président de la CME de l'hôpital Saint-Jean-de-Dieu.

Pour les patients, la grève d'aujourd'hui n'aura de conséquences car les médecins grévistes sont assignés.

D'autres actions devraient être engagées par la suite comme par exemple la non-participation aux instances de décision (CME, directoire...)

 

La loi enfermera-t-elle encore davantage ?

La violence est ailleurs que chez les fous, les étrangers, les Roms…

Par Pierre Paresys, Vice-président de l’union syndicale de la psychiatrie

L’esprit de la loi de prévention de la délinquance (5 mars 2007), rédigée à quatre mains par madame Dati et monsieur Sarkozy, sa volonté évidente de constituer par association une « image type du supposé nuisible », de « l’ennemi intérieur » où chacun trouvera le sien sans pour autant s’y reconnaître, trouve à nouveau sa parfaite illustration dans l’actualité. Le chapitre 3 de ce texte (les dispositions tendant à limiter les atteintes aux biens et à prévenir les troubles de voisinage) associait dans sa dernière mouture les gens du voyage, les chiens méchants et les malades mentaux.

Il s’agissait d’instrumentaliser les travailleurs sociaux et les éducateurs, les enseignants, la psychiatrie et l’ensemble du secteur sanitaire afin de contrôler la population sous couvert de délinquance habilement associée à la précarité, à la fragilité, à l’absentéisme scolaire, à la santé mentale voire à l’immigration.

La partie concernant les malades mentaux a été retirée du projet définitif et les Roms ont temporairement relayé les fous, les autres étrangers et les gens du voyage comme instruments de la propagande sécuritaire.

Certes, un pousseur dans le RER, cela choque, fait peur, d’autant plus que cela paraît incompréhensible et semble pouvoir toucher n’importe quel innocent, mais faut-il pour autant instrumentaliser cette peur, la commercialiser ? Il s’agit là d’actes dramatiques mais exceptionnels, qui paraissent nous envahir par leur surmédiatisation et leur instrumentalisation, là ou la violence d’État se développe à bas bruit.

La plume qui, par les lois et décrets qu’elle signe, pousse la population à ne pas se soigner, les hôpitaux et les médecins à faire du chiffre, à se résigner pour certains à « adapter leur éthique », à sélectionner les actes et les patients, à réduire ces patients à des clients et à des sommes d’actes, le professionnel de la santé à un producteur d’actes, n’est-elle pas beaucoup plus dangereuse que les images qu’on exhibe pour nous faire peur ? La voix qui prétend classer les hôpitaux en fonction du taux de mortalité ne peut ignorer la sanction qui peut en résulter pour les patients âgés, fragiles, trop lourds, etc., priés de mourir avant l’admission, après leur sortie ou leur transfert. L’évaluation tous azimuts, le culte des chiffres tue en éloignant les équipes soignantes de leur objet : l’humain. La plume qui transforme le travailleur social en délateur, le policier en chasseur de sans-papiers, de gens du voyage ou de pauvres en situation d’expulsion n’est-elle pas responsable de la dégradation de l’image de ces agents de l’État et de la mise en danger de ceux-ci au même titre que tous les représentants de l’État ?

La réponse à la précarité des conditions de vie doit être une politique de simple gestion des débordements et c’est dans ce contexte que le projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques favorise la généralisation des soins sous contrainte en ambulatoire.

Cette loi n’aurait pas d’autre résultat que d’éloigner les patients des soins, de favoriser leur marginalisation et leur abandon. Il s’agit, par une généralisation de la contrainte, de faire des équipes de psychiatrie une menace pour la population et, par là même, de retarder l’accès aux soins par la méfiance et la peur qu’elles susciteront.

Là où l’accueil, le temps de l’écoute étaient possible, l’effet d’ambiance, la crainte, la méfiance rendront toute véritable alliance thérapeutique impossible. Plusieurs dizaines d’années de travail vont être annihilées là où l’accueil et l’écoute étaient encore une exigence.

L’échec inévitable de cette politique conduira à l’extension de l’enfermement pour le plus grand profit des bétonneurs sans pour autant, bien au contraire, parvenir à l’impossible risque zéro, confortant là encore, pour le plus grand bonheur de nos stratèges, le sentiment d’insécurité.

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